23 Mars 2015
Je vous ai parlé de mon accouchement. Par bride. Par des sous-entendus. Petit à petit. Je ne pouvais pas faire mieux. Je vais essayer de le faire ce soir. Pour moi. Pour m'aider à garder les idées claires. Pour m’aider à passer mon chemin. Sans vraiment tourner la page. Mais continuer ma route. Avec eux.
J’ai choisi d’accoucher dans une clinique de niveau 1. Une petite clinique. A taille humaine. Un millier d’accouchements par an.
Avant tout pour me faire suivre par la gynéco qui me suit depuis mes fausses couches. Qui, dès la première consultation, m’a dit de ne pas baisser les bras. Une gynéco en qui j’ai tout confiance. Un caractère particulier mais que j'apprécie beaucoup.
Je quitte donc l’appartement après avoir confié les enfants aux voisins avec une poche des eaux rompues, un liquide méconiale et en état grippale.
Une fois arrivée à la clinique, j’ai droit à un beau masque pour ne pas contaminer l'équipe. La sage-femme en voyant mon "beau" liquide méco me parle directement de césarienne. En gros, on va essayer de faire sortir bébé mais j’ai de très forte chance de finir au bloc. Elle me met sous monitoring une heure. Je ne suis pas encore en travail. Mais avec un liquide méco, il ne faut pas trainer. Elle m’installe donc en salle de travail dans l’optique de me déclencher mais très "légèrement" car j’ai un utérus cicatriciel.
Une fois installée, les contractions commencent, l'anesthésiste me pose la péri et elle m’examine. Elle n'aura finalement pas le temps de me déclencher. Je suis déjà à dilatation complète (en moins d’une heure). Je commence à me plaindre de douleurs du côté gauche. Sûrement la péri qui ne "fonctionne" pas de ce côté-là mais de toute façon pas le temps de faire autrement.
Changement de garde. C’est donc UN sage-femme qui m’accouchera. Il s’installe, et très vite Lucien est là. Il est 21heures.
Pas le temps de le voir, il part se faire aspirer (à cause du liquide méco). Puis il part se faire peser et revient enfin. 3kg090, un vrai crevette pour nous !
J’ai enfin droit à ma séance de peau à peau mais très vite, la douleur revient. Puis le premier biberon. La douleur est là. J’en parle.
1er diagnostic : je me suis bloquée un nerf. Ca va passer.
La douleur est loin de passer. Elle s’intensifie. L’anesthésiste repasse me voir. Pour lui, ce n’est pas un nerf, il préconise de me donner du paracétamol et du spasfon.
2e diagnostic : Lucien s'est mal engagé dans le bassin et a tout déplacer. Le sage homme me dit que ça va être douloureux et que je devrais faire de la rééducation avec un ostéo et un kiné.
La douleur s’intensifie. Descend dans les deux cuisses. Puis remontent dans tout le bas ventre. Comme des contractions de travail.
Le sage - femme appelle le gynéco de garde. Visoconférence à 3 avec l’anesthésiste. Le gynéco ne viendra pas. Si la douleur ne passe pas, ils devront me donner de la morphine.
La douleur ne passe pas. Elle s’infensifie. On me donne la morphine. Ma tension commence à chuter. Je crie. Le sage-femme rappelle le gynéco de garde. Il ne viendra pas.
L’equipe commence à paniquer. On me pose mille questions. Je les entends mais arrive à peine à répondre. Je crie.
Ma tension chute. L’equipe panique. "Je vais appeler le gynéco de garde pour qu’il vous amène au bloc pour comprendre ce qui se passe."
Mais il ne viendra pas.
Je hurle (un comble car je suis quasi aphone depuis le matin).
Ma tension chute. Elle chute à 8/4.
Je comprends ce qui se passe mais je suis incapable de faire quoique que ce soit. Les mots ont du mal, à sortir de ma bouche. Je ferme les yeux. Je les ouvre. Je pense à mes enfants. Toutes mes forces y passent.
J’ai l’impression que je vais accoucher de nouveau, en bien plus douloureux. Le sage-homme me repasse une péri.
Et puis, il décide de me réexaminer. Il me réinstalle. Je hurle.
"Un caillot, je vais vous retirer un caillot."
La douleur est au delà du supportable malgré la péri. Je hurle mais peu de sons sortent de ma bouche. Je hurle. Encore. C'est insoutenable.
C’est fini. La douleur part.
Le sage-femme prend en photo le caillot puis la quantité de sang de l'hémorragie.
Je demande à voir les photos. Il me fait promettre de ne pas tomber dans les pommes.
Deux poings. Un caillot de la taille de deux poings. Il "faisait bouchon" et l'hémorragie ne pouvait pas s'écouler.
Il est plus de 3 heures du matin.
Là, je m’imagine descendre rapidement dans ma chambre mais non. Le gynéco de garde, qui a refusé de venir, refuse, par téléphone toujours, de me laisser descendre. Je passerais donc la nuit en salle de travail. Jusqu’à 8 heures le lendemain.
Vers 6 heures, je demande des nouvelles de Lucien, personne n’en a et je n’en aurais pas avant qu’on me l’amène dans ma chambre vers 9 heures.
On tente de me faire descendre dans ma chambre sur un fauteuil. Je fais un malaise. On recommence. Je fais un autre malaise. Je descendrais donc en brancard.
Dans la journée, la sage-femme et l’aide soignante essayent de me lever à plusieurs reprises. Impossible. Je fais malaises sur malaises. On me demande de mettre le plus possible mon lit en position assise complète pour me "réhabituer". Impossible. Ma tête bourdonne, les yeux se troublent. Si je n’arrive pas à me lever le lendemain, je devrais être transfusée.
Plusieurs fois, pendant la nuit, l'équipe essait de me lever. A chaque fois, je fais un malaise.
Le lendemain, je me traine jusqu’aux toilettes accompagnée de la sage-femme et de l’aide soignante. J’y fais un malaise.
Mes résultats de prise de sang tombent. Je dois être transfusée. J’apprendrais le lendemain que mon hémoglobine est tombée à la moitié de son taux normal.
Je récupère. Je peux sortir deux jours après.
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